Le rôle des associations

« Tous, à poligny, ou dans le département du jura, ou en franche-comté, tous, élus, administrateurs, enseignants universitaires, membres des associations culturelles polinoises ou jurassiennes, nous nous rencontrons en harmonie, en union sur ce grand projet de restauration », écrivait gaston bordet, président de l’association de sauvegarde du patrimoine polinois, en 2010.

Le coût du vaste chantier de restauration – 5 millions d’ euros – a été pris en charge par la commune, avec des subventions de l’État (Direction régionale des affaires culturelles), de la région et du département. Il convient toutefois également de souligner le rôle des associations polinoises.

L’abbé gabriel sage (1914-1995) est l’un des membres fondateurs de l’Association de sauvegarde du patrimoine polinois, pour laquelle la restauration des Jacobins constituait un objectif premier.

Photographie : François Clément

L’abbé Sage a œuvré au retour des statues exilées à New York ou à Paris, ou du moins de leurs répliques. Le moulage de Saint Paul a été réalisé pour l’antiquaire polinois François Vuillermet au début du xxe siècle. Il fut offert à l’abbé Sage en 1972 par un héritier de Vuillermet.

Quant à Saint Jacques, Saint Jean-Baptiste et au priant dit de Thomas de Plaine, l’abbé Sage en obtint les moulages, exécutés par les musées qui les détenaient.

Fondée en 2003 par Claude Chatrenet, parrainée par l’académicien René Rémond, l’association a encouragé et contribué à la restauration de l’église.

Elle a œuvré à faire connaître et reconnaître la richesse architecturale et historique de l’édifice, via de multiples actions de communication, la publication d’une brochure retraçant l’histoire du lieu, l’organisation de visites guidées.

Elle a aussi contribué financièrement aux travaux en émettant une souscription publique en faveur de la réfection du portail d’entrée et de la rosace. L’association a pris entièrement à sa charge l’éclairage extérieur nocturne de la façade.

Enfin, elle a fait décorer le retable de l’église de deux tableaux pour remplacer les originaux disparus.

Restauration

à la remise en état des façades et toitures (2008-2011) a succédé la restauration intérieure et l’aménagement de l’édifice (2018-2021).

En charge de ce vaste chantier, d’une durée de six ans et d’un coût total de cinq millions d’euros, Paul Barnoud, architecte en chef des monuments historiques, inspecteur général des monuments historiques, qui expose ainsi sa démarche :

« Comment garder quelque chose de cet état de l’édifice qui nous est transmis du fond des âges, avec une authenticité et une poésie tout à fait exceptionnelle ?

Il s’agissait d’associer les contraires, la restauration de décors dissimulés par de nombreuses couches de badigeons et de salissures, et l’acceptation de l’édifice tel qu’il nous était parvenu. Le nouvel état créé, après restauration, n’a jamais existé : les peintures murales médiévales et les décors simulant un appareil régulier, du xviiie siècle, sont visibles en même temps. La recherche de tel ou tel état n’est ici pas possible compte tenu de la complexité de l’édifice.

Il y a trois états de badigeons, superposés, un rouge, probablement le décor originel, un gris et blanc du xviie siècle, puis des badigeons blancs qui sont venu recouvrir l’ensemble. Le décor gris du xviie siècle était globalement en place, le décor médiéval, sous-jacent, très coloré, était, par endroit, bien conservé.

Photographie : Gérald Cantaux
Photographie : Gérald Cantaux

C’est une démarche, qui n’est pas seulement scientifique (elle l’est en partie) mais aussi artistique, elle consiste à établir des transitions comme sur les piliers au premier niveau, où il faut assurer le passage d’un décor, globalement conservé et cohérent, à des bases, mutilées et déstructurées. Pour les parties hautes, le choix a été fait de faire coexister deux décors d’époques différentes : le décor gris, antérieur au xviiie siècle, qui couvrait tout l’édifice, et les clefs peintes médiévales, de couleurs chaudes. Ces dernières étant bien conservées, il est apparu dommage de les recouvrir.

Il ne s’agit pas seulement de comprendre l’édifice tel qu’il a été construit mais aussi de reconnaître le passage des ans qui lui confère un nouveau visage.

Pour l’aspect extérieur : l’objectif consistait à faire réapparaître la corniche du vaisseau central qui était dissimulée sous la toiture et d’évoquer la place de l’ancien clocher en faisant réapparaître la base des murs.

L’église était assez sombre : son côté sud a été obscurci par le lycée, le côté nord n’est pas ouvert dans le vaisseau central, la grande rose ouest a été bouchée. La façade ouest, celle de l’accès, a fait l’objet d’importants remplacements de pierres et de la réouverture de la rose, ce qui a permis un bien meilleur éclairage. ››

© Association « Les Jacobins » et Frédéric Vincent – 2024