Plan de l’église
Atelier Cairn, 2010.
Une église gothique

« il s’agit de l’un des témoins insignes de la phase d’expansion du style gothique en franche-comté, dans lequel se combinent traditions régionales et influences françaises. ›› (isabelle sauvage)

Relèvent des premières, issues des terres d’Empire, un plan simplifié à trois vaisseaux de cinq travées, sans transept.

Au cours des siècles suivants, des chapelles se sont greffées sur le collatéral nord et de part et d’autre du chœur.

La longueur de l’église est de 46 mètres, sa largeur de 28 mètres. La nef est peu élevée : sa hauteur ne dépasse pas 16 mètres.

Les murs sont massifs. Contrairement à certains grands édifices des régions voisines, il n’existe pas de murs dédoublés où se logent des coursières internes ou externes.

L’éclairage est restreint : les fenêtres sont rares et de dimensions modestes, placées très haut et uniquement sur le côté sud, laissant de larges pans de mur nus : ici, pas de jeu entre le mur et le vitrail, si répandu dans le royaume de France.

Les influences françaises n’en sont pas moins perceptibles, reflets du contexte politique : le règne d’Alix de Méranie contribue à l’effacement de la tutelle germanique et favorise l’introduction de la culture française.

Ainsi, l’élévation du vaisseau central est tripartite : entre les grandes arcades brisées et les fenêtres hautes s’intercale en effet un faux triforium (il n’est pas destiné au passage), redécouvert en 1955, et dont d’autres éléments ont été dégagés lors de la restauration conduite de 2018 à 2021.

Les piles appartiennent à différents types, mais certaines sont des piles cantonnées, du type usité à Chartres. Sur ces piles, un faisceau de trois colonnettes reçoit les nervures de la voûte.

Ces partis architecturaux sont exceptionnels dans la région au xiiie siècle.

Des décors à découvrir

mutilation des pierres, encrassement, badigeonnages successifs, ont conduit à dissimuler au regard une ornementation pourtant très riche.

Si l’étude de l’ornementation de l’église reste à mener, les travaux de restauration ont permis de redécouvrir des éléments de décoration dont certains remontent à la construction de l’édifice.

Les clés de voûte offrent une grande variété de motifs. Sur celles de la nef, qui ont conservé leurs couleurs d’origine, peuvent s’observer motifs géométriques, visages humains, formes végétales, ornements héraldiques ou encore un vaste soleil.

Celles des chapelles, lieux de sépultures des grandes familles polinoises, invitent à consulter archives, nobiliaires et armoriaux pour identifier ceux qui y ont été jadis ensevelis.

Sur celle ci-dessous peuvent ainsi être distinguées les armes de deux grandes familles polinoises alliées : celles des Brun, « d’or à trois raisins de pourpre », et celles des Regnaudot, « de gueules au lion d’or ››.

La plupart des chapiteaux sont ornées de motifs végétaux mais plusieurs types peuvent être observés : tandis que certains sont très schématiques et stylisés, d’autres, plus finement ciselés, témoignent d’un souci de l’observation et du rendu de la nature.

Les autres motifs (humains, animaux) sont, dans cette église, d’autant plus intrigants qu’ils sont exceptionnels.

Si un atlante soutenant une colonne se signale dans la nef, la chapelle dite « chapelle Chousat ›› a pour caractéristique les culs-de-lampe supportant les retombées de chaque arc. Représentant des êtres humains, grotesques ou menaçants, ils témoignent de la fantaisie des sculpteurs médiévaux.

© Association « Les Jacobins » et Frédéric Vincent – 2024