Du Moyen Âge
aux Temps modernes

Les chapelles

fruits des offrandes de puissants soucieux du salut de leur âme, les chapelles ont modifié la physionomie de l’église.

Etre inhumé au sein même de l’église est l’assurance de bénéficier de l’intercession des frères pour assurer son salut. Dès le début du xive siècle, deux fils morts en bas âge d’Othon IV et de Mahaut d’Artois sont enterrés dans l’église.

À leur suite, nombre de nobles et de bourgeois polinois demandent à être inhumés dans l’édifice. Les plus aisés fondent une chapelle, parfois ornée de statues, pour eux et leur descendance.

Ces chapelles ne peuvent toutes être situées, mais leurs créations – treize ont été recensées au Moyen Âge – ont modifié l’architecture de l’église.

Ainsi, cinq chapelles, greffées aux xive et xve siècles sur le collatéral nord, forment comme un second bas-côté.

La première est la chapelle Saint-Jean Baptiste et Évangéliste, édifiée pour la famille de Plaine.

Entre le collatéral et la deuxième chapelle, il subsiste un portail richement décoré qui constituait, avant la construction de la chapelle, le portail nord de l’église.

Deux autres chapelles flanquent le chœur (xve siècle). D’une part, la chapelle de la Conception Notre-Dame, fondée par Jean Chousat. D’autre part, celle des familles Brun-Renaudot.

Les blasons des familles fondatrices de chapelles apparaissent fréquemment en clé de voûte.

Artiste non identifié (Bourgogne)
Priant dit de Thomas de Plaine
(xve siècle)
Pierre calcaire polychromée, H 107 cm.
Paris, Musée du Louvre, RF 1679.
© Musée du Louvre / Hervé Lewandowski

La tour de la librairie

partie à la fois du couvent et des fortfications de la ville, la tour de la librairie est le seul bâtiment conventuel subsistant.

Arguant de la richesse des Jacobins, les autorités municipales leur demandent de contribuer à la fortification de la ville.

En 1414, les frères s’engagent à faire construire une « grosse tour de pierre, de bonne taille et maçonnerie », intégrée aux remparts.

Les frères font cependant valoir que la pauvreté du pays et la concurrence d’autres congrégations ne leur permettent pas de faire face à cette dépense.

Ils se tournent alors vers Jean Chousat, un bourgeois de Poligny enrichi au service des ducs et comtes de Bourgogne. Celui-ci s’engage à faire construire à ses frais la tour.

En échange, Jean demande aux frères de célébrer chaque jour perpétuellement une messe de requiem en la chapelle qu’il a fait construire au sein de l’église.

Jean Chousat destine cette tour à accueillir, à l’étage, un atelier d’enluminure et une bibliothèque – éléments indispensables à des Dominicains pour qui l’étude et l’enseignement constituent des devoirs. Des prédicateurs, des évêques, des inquisiteurs (qui ont jugé sorcières et loups-garous) ont été formés aux Jacobins.

Le clocher

détruit au début du xixe siècle, le clocher est connu au travers des archives, d’une gravure ancienne, d’un témoignage écrit et de quelques vestiges.

Le clocher est mentionné dans un texte de 1426 : un don fait aux Jacobins est affecté la construction d’un clocher en bois. Il figure à plusieurs reprises dans des archives concernant les dégâts survenus et les réparations opérées suite aux nombreux incendies qui ont frappé l’église.

Une gravure sur bois réalisée par le Polinois Claude Luc (1552), donne un aperçu de la ville de Poligny au milieu du xvie siècle et fournit une illustration sommaire du clocher.

L‘historien polinois François-Félix Chevalier en donne, en 1767, la description suivante : « la flêche du clocher qui est un octogone en tufs [roche calcaire] très bien travaillés, dont les proportions sont régulières, plaît beaucoup à la plupart des étrangers ››.

En 1795, les autorités décident d’abattre la croix au sommet du clocher.

Le clocher lui-même est détruit à une date indéterminée que l’on peut situer entre 1800 et 1823. Les huit cloches sont déposées, les pierres récupérées.

La localisation du clocher n’est jamais précisée dans les textes. Toutefois, des vestiges, dans les combles, à l’aplomb de la dernière chapelle du collatéral nord, pointent vers cet emplacement, et le renforcement des contreforts situés entre la quatrième et la cinquième travée pourrait trouver sa justification dans l’existence du clocher.

Bruno Sertier
Reconstitution du clocher des Jacobins
Pierre Maublanc (1585-ap.1637)
Cruaultés faictes en ce pays par les troupes auxiliaires et autres, l’an 1633 et 1636
(1636)
Huile sur toile, L. 131 cm ; H. 94,6 cm.
Poligny, Musée municipal, 2009.05.16.

Au feu !

l’église et le couvent ont été durement frappés par les incendies qui ont dévasté poligny à plusieurs reprises.

L‘incendie de 1501, accidentel, naît dans le faubourg de Boussières. Franchissant les murailles, il dévaste l’église et le couvent, « tellement que la plupart des livres, ornements d’autels et autres biens dédiés au service de Dieu furent perdus et brûlés ››.

Les frères doivent mendier pour rebâtir. Ils sont tombés en si grande pauvreté, rapporte un témoignage, qu’il ne leur est plus possible de faire construire.

Toutefois, grâce à des dons, couvent et église sont bientôt rétablis.

En 1638, durant la guerre de Dix Ans, Poligny est prise par les troupes françaises et les soldats suédois, leurs alliés.

La ville est incendiée.

Comme les autres habitants, les Jacobins désertent Poligny.

Les lieux restent abandonnés pendant deux ans. La dévastation est telle qu’il est question d’un rattachement du couvent à celui de Besançon.

Mais le prieur Pierre Ménétrier, par son obstination, obtient l’abandon du projet, puis s’acharne à relever les ruines. Près d’un demi-siècle est nécessaire pour reconstruire les édifices.

S’il est difficile de mesurer l’étendue des remaniements causés par ces incendies, il est vraisemblable que le couvent fut profondément transformé au cours du xviie siècle.

Des touches de classicisme

l’église connaît de nombreux changements au xviiie siècle : stalles, jubé, poutre de gloire, retable, nouvelle façade, tribune d’orgue.

En 1691, les Jacobins commandent quarante stalles et un jubé (tribune séparant le chœur de la nef). Des stalles, il ne reste que des débris après la Révolution.

Le jubé fut également détruit, mais la poutre de gloire a subsisté jusqu’en 1905.

Le retable, achevé en 1698, est composé de pierres locales : marbre rose de Sampans, marbre noir de Miéry, albâtre de Saint-Lothain.

Au sommet, peint en or dans un triangle représentant la Trinité, le Tétragramme, c’est-à-dire le nom de Yahvé, en hébreu.

En dessous, un Christ en majesté, puis une Assomption. Ces deux tableaux, œuvres du peintre bisontin Thierry Marquis, ont été installés en 2021, à l’initiative de l’association « Les Jacobins ››. Ils remplacent ceux disparus à la Révolution, dont une Assomption peinte par l’artiste franc-comtois Adrien Richard en 1724.

Une façade nouvelle est édifiée entre 1715 et 1717 dans un style classique, avec sa porte en plein cintre encadrée de deux pilastres et surmontée d’un fronton cintré, et sa rosace. Cette construction a pour effet de faire disparaître le vaste portique où avait enseigné illustre prédicateur Vincent Ferrier en 1417.

Elle permet d’installer une tribune pour l’orgue. L’instrument, créé par le facteur parisien Carouge, a été transporté à Champagnole en 1792.

© Association « Les Jacobins » et Frédéric Vincent – 2024