John Steinbeck

en 1952, le séjour de l’écrivain américain john steinbeck à poligny est l’occasion d’une dégustation aux jacobins.

John steinbeck (1902-1968), lauréat du prix Pulitzer pour Les Raisins de la colère (1939), prix Nobel de littérature en 1962, a passé trois jours dans le quartier vigneron de Charcigny, au printemps 1952, invité par Louis Gibey, un professeur d’anglais qui lui avait consacré un mémoire universitaire.

Visitant la cave de la coopérative vinicole, dans l’ancienne église des Jacobins, Steinbeck évoque un édifice « de la plus pure architecture gothique », « attaqué et dépouillé durant la Révolution française », dans lequel des barriques de vin trônent sous les arcs en ogive, aux murs et aux piliers noirs d’une poussière séculaire, et où l’odeur du vin en fermentation flotte comme un encens.

Il relève : « les autorités ecclésiastiques s’en préoccupent de temps en temps, mais il faudrait des millions de francs pour la restaurer, et personne ne les a ». Comme les soulignent les vignerons, « il fait frais ici, il est préférable de ne pas gaspiller un aussi bon emplacement, quand l’Église la voudra, elle sera là et, en attendant, nous entretenons le toit ».

Il rapporte également les propos d’un vigneron qui relate la découverte, à l’occasion d’un effondrement du sol, de quelque deux cents squelettes, dont certains avaient encore le crâne transpercé par la flèche qui les avait tués, sans doute des soldats de l’ancien temps.

Steinbeck rend compte de son séjour dans un article publié dans l’hebdomadaire américain Collier’s et intitulé « The Soul and Guts of France » (« L’Âme et les Tripes de la France »). Traduit en France, l’article suscite la polémique pour sa description de Poligny comme un petit village arriéré et moribond, où règnent les idées « avancées ».

Source :  Girod, Jean-Paul. John Steinbeck à Poligny : L’Âme et les tripes de la France. Revue de l’Association de Sauvegarde du patrimoine polinois, 2004, 19, p.11-23.
John Steinbeck aux Jacobins de Poligny
Illustration de l'article du Collier’s
© Association « Les Jacobins » et Frédéric Vincent – 2024