Le Loup-Garou
(1512)
Gravure sur bois, H. 16,1 cm ; L. 12,4 cm.
Strasbourg, Cabinet des estampes et des dessins.
Tableaux de loups-garous

« l’on a vu de tout temps des tableaux de ces trois sorciers en l’église des jacobins de poligny, même qu’on les a rafraîchis des peu de jours en ça. »
Cette information est fournie en 1602 par Henry Boguet, grand juge en la terre de Saint-Claude, dans son Discours des sorciers (chapitre 45).
Un autre inquisiteur, Pierre de L’Ancre, fait référence aux tableaux des Jacobins en 1612 dans son Tableau de l’inconstance des mauvais anges et démons (Livre IV, discours 3).
Ces trois sorciers, brûlés en 1521, sont des loups-garous, dont Boguet retrace succinctement les crimes.
« En l’an 1521 l’on exécuta trois sorciers, Michel Udon de Plasne, qui est un petit village sur Poligny, Philibert Montoy, et un nommé le Gros Pierre, qui confessèrent, qu’ils s’étaient mis en loups, et qu’ils auraient tué, et mangé en cette forme plusieurs personnes.
Michel Udon étant en loup fut blessé par le Sieur de la Chasnée, qui l’alla trouver en une cabane, où sa femme le pansait de sa plaie : mais il avait repris pour lors sa forme d’homme ».
Boguet précise un peu plus loin que, sur les tableaux – aujourd’hui disparus, les trois loups-garous sont représentés tenant un couteau dans leur patte droite.
Le prieur des frères prêcheurs de Poligny, Jean Boin, était alors général inquisiteur de la foi. En 1521, il envoya au bûcher deux autre loups-garous, dont l’un avait fait allégeance au Diable après avoir perdu son troupeau, dispersé à la suite d’un orage lors de la foire de Poligny.
Les tableaux sont évoqués dans une pétition adressée aux autorités en 1658 afin qu’une sorcière ne soit pas brûlée sur la place – par crainte d’un incendie – mais au lieu-dit En Champs Rouges, où « les sorciers appelés loups-garous avaient été brûlés, en témoignage de quoi il y avait des tableaux et peintures en l’église des révérends pères Jacobins représentant l’exécution de leur supplice ».
